jeudi 28 février 2013

La Cèze en clips (le 6ième)




Cliquer sur le feu rouge pour voir tous les clips des bords de Cèze à Molières. Vous qui aimeriez laisser à vos/aux enfants une rivière où ils puissent se baigner comme nous autrefois -pour certains d'entre nous- faites en autant partout !!! 






"Sosceze" collige en vidéos datées au jour le jour les travaux effectués [car tout change vite en ce moment].. mais qui pour l'instant semblent surtout du camouflage : aux endroits cruciaux, les égouts ne sont plus à ciel ouvert mais récoltés dans des fosses enterrées dans le lit de la Cèze, sous l'eau dès qu'elle monte [et s'y déversant?] Plus discrètement en tout cas. Mais ailleurs [sous la passerelle (!)] hors vue mais détectables à l'odeur, il y a toujours des déverses directes. La pétition (lien)







 

lundi 4 février 2013

La beauté est ce que l'on en fait.. Dire, ne pas dire ou dire à demi, that's the question !

Une critique d'un lecteur qui me touche car je me l'étais faite à moi même: ce blog donne de Molières une image noire qui blesse les gens*. Il est vrai qu'il s'est infléchi au fur et à mesure de rencontres et de ballades dans un sens qui n'était pas celui du départ [la recherche de mes souvenirs d'enfance], un sens plus réaliste, à la Zola (lien). Mais cacher sa relative déshérence ne revient-il pas à l'accepter comme naturelle, la laisser perdurer et tromper par défaut le lecteur? Ne faut-il pas montrer ce qui est et non ce que l'on voudrait qui soit, précisément pour conduire des décideurs [qui ont peut-être d'autres soucis] à faire que cela le devienne? Édulcorer n'est-ce pas admettre? Se résigner? Les gens ne méritent-ils pas mieux?  
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Il est remarquable -et parfaitement normal- que par pudeur [même et surtout si on en souffre] on soit parfois le premier à vouloir taire une situation injuste qui vous est infligée et qui vous blesse. La victime se fait alors complice de ceux qui par indifférence ou méconnaissance en sont la cheville ouvrière [et parfois en profitent.] Tout le monde l'a ressenti, je l'ai ressenti aussi (lien). Le système présentant de la réalité une image souvent enjolivée [tronquée] nous amène tous à éprouver une honte inappropriée parce que nous croyons être seuls [ou un tout petit groupe**] à vivre ces situations alors qu'en réalité, tout le monde les vit et tous, se croyant "seuls", se taisent identiquement. Chacun a peur ; se défausser c'est risquer d'être pointé comme différent, d'où le silence... C'est donc ce sentiment fautif d'opprobre et d'isolement qu'il faut vaincre ou plus exactement dont il faut prendre conscience qu'il est une intox a contrario.

  La honte doit changer de camp et retourner à ceux à qui elle revient de droit, aux divers pouvoirs qui ont infligé, laissé perdurer, toléré ou ignoré ces situations. 


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La beauté est ce que l'on a en sa mémoire




 Le réel, que vous voyons à travers le souvenir
 
La beauté est ce que l'artiste en fait ; ce que le poète en fait (lien) ; ce que tous nous en faisons mentalement par nos émotions; et pour moi [même poignant] ce village dans ma mémoire demeure beau, poétique agréable et joyeux. Car aux perceptions immédiates se mêlent indissociablement le passé et l'émotion qui s'y rattache, sans que nous ne nous en apercevions. Mais il faut qu'il le devienne vraiment, pas seulement dans des souvenirs à demi émergés de cette recherche personnelle du temps perdu et particulièrement de Lydie qui l'avait choisi contre les paillettes de la ville de l'Est où elle aurait pu devenir femme de notable à la vie autre. Et pour cela, d'abord dire, montrer.. Ce n'est pas difficile et c'est nécessaire. HL  

*Mais il conclura cependant la brève conversation en observant qu' "autrefois, les maires habitaient le village, pas à psent.
** C'est ce que l'on pourrait appeler le "phénomène du ghetto". 

dimanche 3 février 2013

La recherche du temps perdu. La madeleine (Proust) version Molières

La chambre de la "tante Léonie" à Combray
 (Proust "La recherche du temps perdu")



Extrait. "II y avait déjà bien des années que, de Combray, rien n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère me proposa de me faire prendre un peu de thé. Et bientôt, accablé par la morne journée je portai à mes lèvres une cuillerée où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. A l'instant même où la gorgée mêlée des miettes toucha mon palais, je tressaillis. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans que je n’en sache la cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire de la même façon qu'opère l'amour. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? liée au goût du thé et du gâteau, elle le dépassait infiniment. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit, dépassé par lui-même ; chercher ? pas seulement : créer. Mon esprit est en face de quelque chose qui n'est pas encore et que seul il peut réaliser puis faire entrer dans sa lumière. En moi quelque chose se déplace, voudrait s'élever, désancré d’une grande profondeur ; je ne sais ce que c'est, mais cela monte lentement ; et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son thé. La vue de la madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; mais, quand d'un passé ancien, rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore comme des âmes portant sans fléchir l'édifice immense du souvenir..." 

 Translation in english here (link)